ci-après quelques unes des critiques parues

lors de la sortie du film "Il ne faut jurer de rien !", d'Eric Civanyan.


La durée de vie des "liens-internet" étant ce qu'elle est, voici une petite compilation... pour la postérité...

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Jolis scores et grand plaisir...


"Emmenée par Gérard Jugnot et Jean Dujardin, la comédie "Il ne faut jurer de rien !" prend la tête du box-office français avec 425 000 entrées.


L'un a dominé le box-office 2004 avec ses Choristes, l'autre lancé la yellow-attitude dans les salles cette année avec Brice de Nice. Réunis dans la comédie Il ne faut jurer de rien !, Gérard Jugnot et Jean Dujardin ont une nouvelle fois fait le plein d'entrées. Crédité de 425 000 fauteuils entre le 28 septembre et le 4 octobre, le long métrage d'Eric Civanyan redonne ainsi quelque couleurs au box-office français (en hausse par rapport à la même semaine du cru 2004).


jeudi 6 octobre 2005 - www.allocine.fr






On ne sait pas ce qu'Alfred de Musset a bien pu faire à Eric Cyvanian. Ce fut terrible, sans doute, à voir le sort que le metteur en scène inflige à Il ne faut jurer de rien, comédie du poète et dramaturge, adaptée ici pour le cinéma. Cette adaptation passe par une modernisation du texte qui fait peine à entendre, tant elle jure avec l'époque (1830). D'autant qu'on voit mal qui sourira au spectacle d'une grosse baronne légitimiste braillant : "Je ne sais pas ce que j'ai, mais je tiens une de ces formes !" L'intrigue, dont la structure a été conservée (un riche marchand tente de marier son neveu dépravé à une aristocrate), disparaît sous une épaisse couche de vulgarité. Thomas Sotinel - www.lemonde.fr




La châtelaine et le voyou : Il ne faut jurer de rien !, d'Eric Civanyan...


Paris, 1830. Il y a de la révolution dans l'air. Pilier de bistrots et de bordels, Valentin est un voyou, bagarreur et couvert de dettes, qui ne croit ni en Dieu ni au Diable, ni à l'amour. Son oncle Van Buck, gros marchand de tissus de luxe flirtant avec les notables et la politique, flatte sa clientèle, exploite ses employés et rêve d'agrandir sa surface sociale. En mariant son neveu à la (jolie) fille d'une aristocrate ruinée. Plus facile à dire qu'à faire... Elle, féministe avant l'heure, veut vivre sa vie. Lui, don Juan suicidaire, ne veut pas se laisser vendre. Il conclut un pari avec son oncle : si, séduite par son irrésistible charme, la donzelle se donne à lui avant les fiançailles, il restera libre. Sinon, il devra l'épouser. Ce ne sera pas aussi simple...


De l'allant


De Musset, dont le film est supposé s'inspirer, on ne retrouve que le titre et l'époque. Si l'on veut bien accepter ce paradoxal postulat, on peut trouver de l'allant à ce film en costumes d'époque au ton moderne : il galope, un peu à la de Broca, entre comédie et romantisme, multiplie sans vulgarité les péripéties, et ne laisse pas une minute au spectateur pour s'ennuyer. Si Jean Dujardin manque un peu de charisme, Mélanie Doutey est une bien jolie battante en robe à crinoline et Gérard Jugnot, qui retrouve ici son metteur en scène, naguère sur les planches, d'« Espèces menacées » et d'« Etat critique », Eric Civanyan, prouve une fois de plus qu'il est un vrai bon comédien.

www.lesechos.fr




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Il ne faut jurer de rien !


1830. Pour parfaire son image de marque, le riche drapier Van Buck marie son neveu Valentin à une jeune fille noble. Mais ledit neveu regimbe : noceur éperdu, désabusé, il fait de son consentement l'enjeu d'un pari. Cette luxueuse (et libre) adaptation de l'oeuvre d'Alfred de Musset peine, de rodomontades en cavalcades académiques, de gags approximatifs en envolées maladroites, à trouver son rythme. Plus boute-en-train qu'oiseau de nuit, Jean Dujardin, semble déplacé dans son rôle de débauché romantique, aux côtés d'un Gérard Jugnot plus à l'aise, lui, en grippe-sou « de Funesque ».

Cécile Mury - http://cinema.telerama.fr




Jeu de massacre...


Dans le Paris de 1830, Valentin, jeune viveur dispendieux et cynique qui passe le plus clair de son temps dans les lupanars, se voit proposer une affaire par son oncle, commerçant intéressé et craintif. Pour redorer le blason qu'il n'a pas, il lui faudrait épouser Cécile, la fille d'une baronne désargentée. Valentin qui ne croit en rien se fait fort de séduire rapidement l'ingénue, mais la jolie Cécile qui croit au grand amour est trop fine mouche pour se laisser piéger... Avec le sentiment, il ne faut jurer de rien !


Ne cherchez pas Musset. Il n'est que dans l'époque, quelques répliques et cette idée que l'amour est éphémère et trébuche sur la lucidité. Le parti pris d'Eric Civanyan a été de faire un vaudeville d'époque remis au goût du jour, une farce de boulevard en costumes que l'on s'empresse de retirer pour savourer les attitudes, les petites vulgarités et les intentions graveleuses d'aujourd'hui. Pour cela, il aligne d'abord les figures d'un jeu de massacre social : l'oncle Arpagon frileux et magouilleur, le neveu mufle et désabusé, la baronne snob et frustrée, le prêtre hypocrite et libidineux, la nièce fraîche et intelligente. Puis, il les jette dans le maelström d'une comédie trépidante.


Entre le bordel du neveu et la demeure de l'aristocrate, la route est longue, alors le film prend des raccourcis : portes qui claquent, cavalcades, bagarres, accident de calèche, jeux de mots, humour volontiers vulgaire (la scène lourdement symbolique du bilboquet qui met la baronne en émois...). Gérard Jugnot fait le dos rond en comptant ses factures, Jean Dujardin cabotine à plaisir en voyou opportuniste et séducteur blasé, piégé par l'amour de la piquante Mélanie Doutey. Tout cela est énorme jusqu'à éclater dans le bouquet final où les filles du bordel envahissent la propriété des aristos sous l'oeil débonnaire et diplomate d'un Talleyrand en visite venu apporter sa caution historique.


De cascades en boutades, de clins d'oeil en quiproquos, d'allusions en déclarations, le sacrilège est consommé, la grosse farce triomphante, l'amour mis en doute, Musset oublié. Mais qui sait ? Le succès populaire assuré.

D. B. - www.lefigaro.fr




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L'avis de la rédaction :


J'ai toujours eu peur des adaptations théâtrales (rappelons nous " Un fil à la patte ", quel cauchemar !)...

Eric Civanyan film ici l'adaptation de la pièce d'Alfred de Musset ; " Il ne faut jurer de rien ". On est porté par l'intrigue amoureuse et on ne s'ennuie pas une seule seconde. En plus d'une mise en scène originale ponctuée de plans sortant de l'ordinaire, d'une adaptation moderne et sympathique, le film est agréablement porté par un superbe trio d'acteurs ! D'un côté nous avons Gérard Jugnot, acteur phénomène qui peut interpréter n'importe quel rôle. Il nous fera toujours rire tout en restant sérieux. De l'autre côte, nous avons un autre acteur phénomène, Jean Dujardin. Acteur montant (enfin déjà bien monté !) que l'on compare à Belmondo (ce que je trouve un peu exagéré !), Monsieur Dujardin nous prouve ici qu'il ne fait pas que dans le comique de situation, il sait aussi jouer ! Et au milieu de tout cela, on retrouve la petite Mélanie Doutey, étoile montante [...]


Par Emilie - www.nord-cinema.com




Il ne faut jurer de rien !


Paris, 1830. Jeune libertin, Valentin ne croit pas en l'amour, convaincu que toutes les femmes sont dépravées. Tripots et maisons closes divertissent ses nuits et journées. Jusqu'au jour où Van Buck, son oncle, riche commerçant, a d'ambitieux projets pour ce voyou de neveu : le marier avec la jeune baronne Cécile de Mantes. Mariage arrangé qui satisfait pleinement la mère de Cécile, aristocrate au bord de la ruine. Une femme de plus sans vertu à épouser ? Valentin refuse, assurant que Cécile pourrait être dans son lit en 24h. Pari lancé avec Van Buck. Tous les stratagèmes seront bons pour séduire la jeune femme. La chasse est ouverte… Un chat et une souris féministe qui pourrait bien prendre ce tendre matou à son propre piège d'amour…



Sabrina - www.ecrannoir.fr




Il ne faut jurer de rien :

quand Clara Sheller rencontre Brice de Nice...


Quand deux valeurs montantes de la fiction " made in France " se croisent, c'est pour revisiter... une pièce de théâtre ! Dans "Il ne faut jurer de rien", Mélanie Doutey et Jean Dujardin interprètent des Chouchou et Loulou version XIXe siècle. Chaperonnés par Gérard Jugnot. Van Buck (Gérard Jugnot), un bourgeois pingre et opportuniste qui ambitionne, dans le Paris de 1830, d'accéder à la noblesse. Pour se faire, il décide de marier son neveu Valentin (Jean Dujardin), un jeune homme révolté mais surtout je-m'en-foutiste, à la belle Cécile (Mélanie Doutey), héritière de la baronne de Mantes. Le hic : elle a soif de romance là où lui préfère mettre fin à ses jours plutôt que d'entendre parler d'amour. Ce vaudeville d'Alfred de Musset pourrait avoir vieilli, deux siècles après sa première représentation. D'autant plus au cinéma où la mode est désormais aux fables amoureuses moins nunuches (voir Les Poupées russes et Ma vie en l'air). Sauf que, hormis les costumes d'époque, rien n'est dépassé dans cette adaptation. Jean Dujardin colle parfaitement à son personnage de dandy qui ne croit en rien si ce n'est que les autres ont toujours tort. Cassant au possible envers les hommes, il se veut faux charmeur avec les dames : la touche " Brice de Nice " en somme. Quant à Mélanie Doutey, elle apporte un peu de mordant à l'ingénue Cécile, ce peps qui l'a révélé dans le rôle de la célibattante Clara Sheller, au printemps dernier sur France 2. Une union explosive donc qui donne un coup de jeune au genre. Logique : elle est orchestrée par un spécialiste du lever de rideau. Le réalisateur Eric Civanyan est connu en effet pour avoir lifté plusieurs classiques sur les planches type Antigone ou Les liaisons dangereuses. Il ne faut jurer de rien, c'est un peu la sortie théâtre annuelle du bahut, les ronflements en moins...

Par David - http://cine.ados.fr



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Gérard Jugnot : "J'ai une certaine perversion à aller vers des sujets casse-gueule"...


L'acteur aime les projets risqués. L'adaptation au cinéma d'un classique de Musset aurait pu l'effrayer, mais il a choisi de miser sur Il ne faut jurer de rien!, une comédie d'époque pleine d'action, d'amour et de finesse. Vil, mesquin, bavard, le personnage de Van Buck ne passe pas inaperçu. Il est dans la lignée de l'Arpagon naguère joué par de Funès. Pourtant, Gérard Jugnot a su le maîtriser parfaitement dans ses excès, laissant apparaître d'intéressantes fêlures. "Cette complexité des personnages rend le film vivant, sans rien de trop théâtral, explique l'acteur venu défendre le long métrage à Lausanne. L'histoire est truculente et en même temps, elle est émouvante lorsqu'elle parle d'amour. Le cinéma est fait pour dire "je t'aime pour toujours", alors que dans la vie, c'est plutôt "je t'aime parfois". Il doit faire rêver."


Réfléchit-on deux fois avant de se lancer dans une adaptation de Musset en 2005 ?

Bien sûr, mais c'est surtout l'entourage qui vous met le plus en garde et les financiers qui disent non. Le film a été récrit quatre fois avant qu'ils l'acceptent. C'est aussi une histoire d'amitié vieille de quinze ans avec le réalisateur Eric Civanyan. Il venait de me diriger dans Sainte-Beuve, une pièce qui se situe aussi en 1830, et c'était une manière de poursuivre notre travail. Par ailleurs, j'apprécie sa façon de fonctionner car, en pilote d'avion chevronné, il met en scène avec sang-froid. Ainsi, même s'il bouillonne intérieurement, il a la politesse de se tenir. Je déteste les metteurs en scène qui hurlent, qui craquent, qui vous balancent leur stress.


Le pari était tout de même risqué…

Le plus difficile était de faire un film original à partir d'un classique. Il faut ensuite donner aux gens l'envie de le voir car, a priori, ce n'est pas ce type de cinéma que les gens consomment en priorité. Pour Les choristes, M. Batignole ou Une époque formidable, c'était pareil. Tout le monde m'a dit que j'étais fou d'accepter. Mais j'ai une espèce de fierté, une certaine perversion, à aller vers des sujets casse-gueule sur le papier. Et qui se révèlent finalement des succès populaires.


Qu'est-ce qui vous pousse ainsi ?

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, non? Le succès des Choristes a bien sûr aidé à monter ce projet, mais ça n'a pas été évident. Musset fait peur, de même qu'une belle langue et de beaux sentiments. Comme pour tous mes autres films, j'en suis aussi le producteur. Je m'engage ainsi non pour l'appât du gain - je n'en ai pas besoin -, mais par plaisir.


Face à vous, Jean Dujardin tient bien la distance. Malgré la génération qui vous sépare, vous semblez appartenir à la même famille de comédiens.

C'est ce qui m'a séduit chez lui. Tout comme moi, il est issu du café-théâtre et du cabaret. Son humour est remarquable. On a aussi la même façon de travailler en faisant légèrement un métier sérieux. On bosse très dur, mais si l'on peut dire des conneries et s'amuser, on ne va pas se gêner.


Jean Dujardin n'a pas hésité à vous balancer: il paraît que vous avez eu du mal avec le texte…

Oui, mais lui également! J'ai parfois des petits problèmes de mémoire, et si je n'apprends pas assez, je me vautre. Jean a une jolie expression quand ça lui arrive, il dit qu'il est très friable. Je le suis moi aussi. On est un peu comme du grès; quand on commence à peiner ou à avoir un fou rire, on s'effondre très vite. De Funès disait que les acteurs sont comme du papier de soie; ils peuvent se froisser très vite.


Le film est d'une grande modernité dans son discours.

C'est fou, mais les mots qui paraissent si modernes dans le film existaient bel et bien dans le langage du XIXe siècle. Cécile, le personnage de Mélanie Doutey, représente aussi le début de la femme moderne, tout comme le romantisme marque le début de l'existentialisme. C'est la première fois que l'on se posait des questions sur le sens de la vie et sur la féminité.


L'amour et la sincérité des sentiments sont au cœur du film. Mais dans la vie, quel type d'amoureux êtes-vous donc ?

(Il réfléchit.) Constant jusqu'à l'inconstance. Je suis assez fidèle, mais quand cela ne va plus, je me casse. J'ai longtemps été un peu Van Buck, sauf que ce n'était pas l'argent qui me faisait avancer, mais mon métier. Jeune, j'ai eu des petits soucis avec les femmes, qui ne m'aimaient pas beaucoup. Je ne savais pas me rendre aimable. J'ai donc tiré un trait là-dessus pour me plonger dans mon métier; cela a tourné par la suite. L'œil des femmes est important dans ma vie. Je ne pourrais pas jouer une pièce de théâtre devant un parterre d'hommes.


Après le succès de M. Batignole et Les choristes, Boudu a été boudé, cela vous a-t-il affecté ?

Derrière Boudu, il y avait l'ombre de Jean Renoir auquel je n'aurais pas dû toucher. Et puis il y a aussi l'usure face à Gérard Depardieu. Il est magnifique dans le film, mais il en a tellement fait auparavant qu'il y a parfois un phénomène d'overdose sur sa personne. Peut-être que ce n'était pas le bon moment de faire ce film, mais je ne le regrette pas.


En attendant la sortie des Bronzés 3, avez-vous des projets ?

Non, je vais faire une pause avant de tourner un film de pirates en février qui va beaucoup m'amuser. Je déteste le cinéma qui m'ennuie. J'aime les films qui me transcendent, qui m'envoient dans des sentiments ou dans le rire.



Propos recueillis par isabelle.rovero@tv8.ch



Tel est pris...


Quand libertinage désabusé et romantisme balbutiant s'affrontent, cela fait des étincelles! Cécile de Mantes (Mélanie Doutey) est une jeune pucelle, mais ses prétendants ne l'effarouchent point. Vieux grigous, coureurs de dot, amants volages, tous ont été renvoyés sans ménagement. Cécile recherche le grand amour, le vrai. A sa naïveté font écho son indépendance d'esprit et sa langue bien pendue. Elle a beau vivre en 1830, il y a de la modernité dans cette fille-là! Sûr de pouvoir l'accrocher à son tableau de chasse, Valentin (Jean Dujardin), débauché notoire pour qui l'amour n'est qu'illusion, s'y cassera les dents. Le pari sur la vertu de la jeune baronne, qu'il a engagé avec son oncle Van Buck (Gérard Jugnot), un commerçant âpre au gain et en mal de noblesse, est plutôt mal engagé.


Même si, au final, il ne reste que 30% du texte original de la pièce de Musset, le réalisateur Eric Civanyan a remarquablement adapté cette comédie de Musset en lui conservant son style et son allure enlevée. Il a su diriger ses acteurs au cordeau pour qu'ils n'en fassent pas trop dans un contexte déjà burlesque. L'alchimie Jugnot-Dujardin fonctionne contre toute attente à merveille et Mélanie Doutey (que l'on a récemment vue dans la série Clara Sheller) pétille agréablement.

www.tv8.ch





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L'avis de la rédaction : On ne badine pas avec l'amour !


Depuis quelques mois, Jean Dujardin est sur tous les fronts. Avec "Il ne faut jurer de rien !", un film d'époque, il risque de surprendre bon nombre de ses fans. Son humour désinvolte, cause de son succès et de son charme, fait ici des merveilles. Aidé par des dialogues souvent fins et joyeusement alertes, il livre une performance mi-badine mi-désespérée réjouissante. Face à lui, Mélanie Doutey irradie d'un charme décidément irrésistible, se jouant avec talent d'un rôle qui aurait pu être rapidement insupportable. Malgré l'héritage évident des comédies en costumes jouées par Jean Marais ou Jean-Paul Belmondo, "Il ne faut jurer de rien ! " ne tombe pas dans la citation stérile et trouve son identité. Notamment grâce à une galerie de personnages pathétiques souvent hilarants de cruauté et de bêtise. On pourra évidemment regretter que tout cela soit hautement prévisible et guère audacieux. Ou encore que cette adaptation de Musset soit trop figée dans un propos passéiste souvent naïf. Mais le plaisir reste suffisant pour ne pas prêter trop attention à ces défauts pourtant flagrants.

Mcinema.com - Aurélien Allin

http://cinema.aliceadsl.fr




Il y a Alfred de Musset au générique. Mais il sera difficile aux potaches de faire avaler à leurs profs de français qu'ils doivent les emmener au cinéma pour réviser un classique de la littérature romantique. Et ils auront tout autant de mal à convaincre leurs enseignants d'histoire de fréquenter les salles obscures sous prétexte qu'on y voit des caricatures de Lafayette, Talleyrand ou Haussman.


La pièce d'origine a juste servi à fournir le canevas, les décors et les costumes d'un divertissement qui ne s'embarrasse pas de coller à ses origines littéraires ou historiques. En troussant son intrigue autour d'un séducteur cynique et désabusé, de son oncle arriviste et parvenu, et d'une belle ingénue qui ferait un beau parti, le théâtreux (il signe là son deuxième film après une carrière essentiellement consacrée aux planches) Eric Civanyan revendique plutôt des modèles cinématographiques.


On pourra juger un peu présomptueux de le voir faire référence aux Liaisons dangereuses, qui dans l'adaptation de Stephen Frears sont tout de même d'une autre dimension et d'une autre tenue que sa modeste pochade. Mais il est bien dans son élément quand il évoque Cartouche ou Fanfan la tulipe. Ses interprètes ne s'y sont pas trompés. Jean Dujardin trouve des accents, des gestes et des manières hérités d'un Belmondo des années jeune premier, Mélanie Doutey dégage la fraîcheur, le charme, l'espièglerie d'une Claudia Cardinale et Gérard Jugnot la joue Louis de Funès avec ses colères, ses manigances et sa bonhomie.


C'est du cinéma à l'ancienne. Comme un remake, en couleurs et avec une nouvelle distribution, d'un amusement que l'on a vu et revu jusqu'à le connaître par coeur. On peut lui trouver encore un certain charme gentiment désuet.

www.ouest-france.fr




Un pari est tout petit pour des jeunes qui s'aiment comme eux d'un si grand amour… Encore faut-il, s'ils veulent finir ensemble, qu'ils ravalent leur orgueil et surmontent les mesquineries de leurs tuteurs respectifs. Pour la peine, on court, on se bat, on claque les portes… Comme si Musset avait été revisité par Feydeau. Grâce à son culot, Civanyan, malgré certaines maladresses dans la direction artistique, a le mérite d'intriguer et d'amuser. Pour une surprise, c'en est une bonne.



www.lexpress.fr




"Il ne faut jurer de rien !" d'Eric Civanyan, avec Gérard Jugnot, Jean Dujardin...


François-Guillaume Lorrain


Pourquoi et comment adapter une pièce de Musset en 2004 ? On devine que Civanyan s'est posé plus d'une fois ces deux questions. Que nous dit aujourd'hui ce combat situé en 1830 du vice - Jean Dujardin, vil séducteur - et de la vertu - une Mélanie Doutey au minois qui voyage assez bien dans le temps - arbitré par un Jugnot hélas plus benêt et petit-bourgeois que jamais ? Si le pourquoi nous échappe, on comprend un peu mieux le comment : un peu d'action et de rythme à la Broca, une satire grossie, une relative modernisation du texte - surtout chez Dujardin qui ne peut s'empêcher de renvoyer le spectateur à " Un gars, une fille " : le résultat, à la fois vieillot et jeuniste, souffre d'une forte hétérogénéité. Quand Brice de Nice, avec les mots de Musset, drague Clara Sheller sous les yeux de Monsieur Batignole, on est un peu déconcerté.



François-Guillaume Lorrain - www.lepoint.fr




Entretien avec l'acteur Gérard Jugnot :

"Ça se dit de gauche et ça méprise le peuple "


Vous faites-vous encore du souci au moment de la sortie d'un film ?

Le succès, c'est la normalité pour un artiste. Quand le contraire arrive, c'est douloureux, mais je pense qu'Il ne faut jurer de rien a tout pour séduire...

Vous sentez-vous une responsabilité vis-à-vis des spectateurs ?

Je ne veux surtout pas les emmerder, ni les tromper sur la marchandise. Comme Johnny Hallyday quand il a fait Détective de Godard. Les gens qui croyaient voir un polar ont failli tout casser tellement ils ont trouvé ça chiant !

Vos goûts vous conduisent donc vers un cinéma populaire...

Je veux surprendre les autres et moi-même. C'est pour cela que j'ai eu envie de faire Il ne faut jurer de rien. Jouer un flic dans la même série télé pendant des années ? Un cauchemar ! Autant s'engager dans la police : on attrape de vrais bandits, même si on est moins payé.

C'est vrai que vous êtes l'acteur le mieux payé de France ?

Les gens confondent salaire et intéressement. Je coproduis mes films, donc je touche des sous quand ils font des entrées. Sur Les Choristes, Jacques Perrin qui était producteur majoritaire a empoché plus d'argent que moi alors qu'il n'a joué que huit jours.

Qu'est-ce qui vous énerve le plus ?

Que certains journaux descendent systématiquement mes films. Cela se dit de gauche et ça méprise le peuple. Avec les copains des Bronzés 3, on a été tentés d'écrire leurs articles en avance et de les déposer chez un huissier...

Serein pour la sortie des Bronzés 3 ?

Il y a une vraie pression autour de ce film. A moins de quatre millions d'entrées, on passera pour des cons, mais ce qui m'importe, c'est que le public qui nous aime ne soit pas déçu.


Recueilli par Caroline Vié



A savoir :


Séduction : Jean Dujardin séduira-t-il Mélanie Doutey ? Il en fait le pari avec Gérard Jugnot, son oncle à héritage, dans l'adaptation d'une pièce de Musset aux chassés-croisés gentiment polissons.


www.20minutes.fr




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Notre avis : Adapter Alfred de Musset en 2005 avec Jean Dujardin et Gérard Jugnot dans les rôles principaux n'est pas forcément chose aisée. Les acteurs, très professionnels, se débrouillent certes bien pour restituer leur texte, mais la spontanéité et la vraisemblance nécessaires pour entreprendre une aventure aussi périlleuse sont mises à mal. Figures contemporaines probablement trop populaires, les comédiens échouent à donner chair et vie à cette production d'un autre temps, là où le rocambolesque en costumes seyait si bien à Bebel et à sa gouaille quarante ans auparavant. Avec son casting plus opportuniste qu'opportun, Il ne faut jurer de rien peine à divertir le spectateur moderne qui pourrait rester dubitatif devant tant d'artificialité. Eric Civanyan, qui a su améliorer sa réalisation après le pathétique essai de Tout baigne (son premier film qui date de 1999), risque encore une fois de ne pas parvenir à susciter l'intérêt escompté auprès du public. La cible d'une telle œuvre reste difficile à définir, mais on peut compter sur le marketing et la tournée des plateaux de télévision pour que le minimum syndical soit assuré au box-office.



Frédéric Mignard - www.avoir-alire.com




Critique - A part le titre, on est loin des subtilités de Musset, ce qui ramène forcément cette comédie d'époque à un simple divertissement qui a l'avantage de ne pas manquer de rythme - qualité indispensable au genre qui s'inscrit dans la lignée de Cartouche ou de Mon Oncle Benjamin. Comme il se doit, les costumes et les décors tiennent leurs rôles, tout comme les personnages pris dans une sorte de jeu de cache-cache amoureux où tout est possible. Gérard Jugnot est très à l'aise dans ce registre et le couple Dujardin-Doutey ne manque pas de piquant.



www.figaroscope.fr




Les caprices de Brice...


Retour vers le futur, en prime time pour Alfred, un enfant du siècle D.R. Musset et Brice de Nice. Voila une association qui a de quoi faire fuir ceux qui apprécient l'un... s'ils ont déjà entendu parler de l'autre.


On parie que non? Qui a dit "on parie"? Est-ce un producteur, le réalisateur, un scénariste? Mais après tout, voilà bien un mariage de la culture noble et de celle de la rue. Un mariage d'affaires, entre un Musset, aristocrate du langage, chassé du paysage par la révolution télévisuelle dont Jean Dujardin est un petit soldat, héros de la bataille de l'audimat. Mais quand on a servi la soupe à la populace tous les soirs, on rêve aussi d'un peu de prestige, de reconnaissance, de considération. Et là, pas de secret, il faut faire la lèche à ceux qui ne sont pas populaires mais qui ont de l'éducation, un nom, la classe.


Un bon plan finalement que ce joint-venture entre Musset et de Brice. Un bon plan perso, Musset gagne des parts de marché côté public et Brice passe un peu moins pour un demeuré. Un bon plan média, coco! Un bon plan cinéma, aussi? C'est moins sûr. On parie? Mais qui a dit "on parie"?



PRÊT-À-PORTER


Rappel de l'intrigue. Van Buck (Jugnot) un riche commerçant entend marier son neveu dépravé à la fille d'une baronne désargentée afin de pouvoir ajouter une particule à l'enseigne de son magasin de prêt-à-porter. Et à l'époque, elles avaient vraiment beaucoup à porter. Pour éviter cela, le neveu parie que la promise n'est pas nickel, d'ailleurs, il la ni... séduira avant de lui être présentée officiellement. Pari tenu cochon qui s'en dédit.


Après tout, le neveu c'est un gars et la baronnette, c'est une fille. Donc, c'est comme à la télé, Musset s'intéresse à un gars et une fille. Ce qui change, ce sont les robes, les coiffures et aussi la langue. Alors, on l'a changée un peu aussi. Et le texte avec. Mais pas tout. Car elle déchire la langue de Musset, elle est drôle, pleine d'esprit. C'est même la classe ce Musset, comme la baronnette, d'ailleurs, Mélanie Doutey. D'ailleurs Brice arrête ses grimaces, arrête de faire l'andouille. Hé, on ne badine pas avec l'amour. Cassé Dujardin !


Cassé les sceptiques? Bon, cette adaptation promettait le pire. On pensait que c'était de la télé pour le cinéma, un truc prime time pour vider la tête. Or, on en sort plein de bons mots. Comme quoi il ne faut jurer de rien. C'est Eric Civanyan qui le dit aussi.



© La Libre Belgique 2005 - Fernand Denis - www.lalibre.be




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Une star, à n'en pas Doutey !


Elle avait intrigué les uns dans Le Frère du guerrier, de Pierre Jolivet, et séduit les autres dans La Fleur du mal, de Claude Chabrol.


Mélanie Doutey est aujourd'hui dans le film d'Eric Civanayan "Il ne faut jurer de rien", dans lequel elle partage l'affiche avec Gérard Jugnot et Jean Dujardin. Dans ce long métrage tiré de l'oeuvre d'Alfred de Musset, la jolie brune incarne Cécile de Mantes, jeune bourgeoise moderne et féministe, qui s'oppose à un mariage arrangé avec un don Juan nommé Valentin (Jean Dujardin).


Le film est entraînant, le scénario plutôt bien ficelé, la jeune comédienne gratifie le public d'une prestation impeccable, où sa fraîcheur - quelque peu troublante et diablement séduisante - en laissera plus d'un réveur.


Mais au-delà d'une présence à l'écran, Mélanie Doutey s'impose ici comme une actrice complète, passant du drame à la comédie avec la même aisance, ce qui fait d'elle une des étoiles montantes du cinéma français. Son prochain rôle dans Le Président , de Lionel Delplanque, devrait le confirmer.



Adrien Cadorel - www.metrofrance.com




"Il ne faut jurer de rien !": on ne badine pas avec l'amour !


Adapter Musset au cinéma, dans un film à costumes: de nos jours, le pari est risqué. Mais il a des chances d'être gagné par Eric Civanyan, le réalisateur d"'Il ne faut jurer de rien", une comédie légère et rythmée qui sort ce mercredi sur les écrans français. L'histoire se situe à Paris, dans les années 1830. Valentin (Jean Dujardin), gentil mauvais-garçon, fréquente les maisons de passe et se perd dans le jeu et l'alcool.


Désenchanté, il ne croit pas en l'amour et pense, avec un peu de mépris et beaucoup de vague à l'âme, que "toutes les femmes sont dépravées".


Son oncle Van Buck (Gérard Jugnot), lui, croit aux vertus de l'argent et du commerce. Il tient un magasin de vêtements, chapeaux et autres accessoires de confection, qu'il dirige comme un petit tyranneau.


Un jour, à l'occasion d'une visite chez une baronne désargentée qui l'a chargé d'organiser son bal annuel, il est impressionné par le château et la propriété. Cela lui donne une idée: en mariant son neveu à la fille de la baronne, Cécile (Mélanie Doutey), il deviendra le propriétaire de tout cela et fera fructifier ses affaires.

v Ca tombe bien, car la baronne n'a plus un sou et verrait cela d'un bon oeil - même si elle ne connaît pas le neveu en question. D'autant que le bal annuel a pour but de trouver un mari à Cécile, jeune fille exigeante et vertueuse.


Van Buck intrigue donc pour forcer Valentin à accepter ce mariage. Celui-ci, bien sûr, refuse mais, criblé de dettes et sûr de lui, accepte un pari avec son oncle: séduire, en 48 heures chrono, la belle Cécile en se faisant passer pour un inconnu de passage, puis la laisser tomber. S'il y parvient, son oncle paye ses dettes et renonce définitivement à lui parler mariage. S'il échoue, c'est la bague au doigt.


Cynique mais charmeur, Valentin débarque alors au château, sous l'apparence d'un jeune noble, certain à la fois que Cécile va tomber sous son charme sans coup férir et que, comme toutes les autres, elle ne vaut pas la peine d'être aimée.


Mais ce n'est ni l'un, ni l'autre: non seulement la belle résiste à ses ardeurs, mais peu à peu le séducteur sans scrupules va tomber amoureux de cette jeune fille à la fois sage et dévergondée, vierge et libérée, innocente et rusée, naturelle et intelligente, sérieuse et légère. On ne badine pas avec l'amour...


Gérard Jugnot est très à l'aise dans ce rôle mi-sympathique mi-repoussoir à la De Funès, mais c'est le couple d'amoureux qui donne son charme au film: Jean Dujardin, dans un rôle fort éloigné de son grand succès "Brice de Nice", ajoute une nouvelle page à sa carrière cinématographique qui fait désormais oublier la série télé "Un gars, une fille"; et Mélanie Doutey allie fraîcheur et dynamisme qui collent tout à fait à son personnage.


Les premières images du film (des gros plans sur la bouche de Mélanie Doutey puis sur celle de Jean Dujardin) donnent le ton: la réalisation est alerte, rythmée, avec des gags et des cascades, en évitant l'écueil du théâtre filmé ou de l'académisme. Eric Civanyan, connu surtout pour ses mises en scène de théâtre (c'est son deuxième film, après "Tout baigne" en 1998), reconnaît avoir pris beaucoup de liberté avec la pièce d'Alfred de Musset.


Entre deux scènes d'humour et de gaité, il essaye cependant - via le personnage de Valentin - de s'interroger sur l'amour et la séduction, sur la vanité des apparences et la difficulté de faire durer cet amour toute une vie. "Pour moi, c'est une comédie romantique", dit-il. "Comédie, ça parle tout seul: il y a des choses drôles, un rythme, une truculence. Et puis il y a le romantisme, mais le vrai romantisme, c'est à dire le romantisme noir. Le romantisme était un peu les premiers pas de l'existentialisme. Le mal du siècle était de se sentir mal dans sa peau, de s'interroger sur l'existence". Musset, Sartre, même combat? Il ne faut jurer de rien.



Par Jean-Michel Comte - www.snd-films.com

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Difficile de le cacher : il n'est pas de plus grand plaisir que celui offert, chaque semaine, par la découverte des nouvelles comédies bien de chez nous, jonglant avec les têtes d'affiche comme dans une grande foire aux cochons. Le défi : trouver le bon numéro, le gros lot qui permettra d'emporter le jambon. Il ne faut jurer de rien tape dans le mille en exploitant avec une complaisance non-feinte le filon de la sécurité (Jugnot + Dujardin) quand l'époque est plutôt aux expérimentations en tous genres et à la tentative d'anoblissement de figures de l'entre-deux encore titubantes. Le résultat est immédiat : un film carré et campé sur ses positions, sans la moindre ambiguïté quant à sa volonté de jouer avec un vieux fond populaire traditionnel parfaitement assuré de ses effets. Dénué de toute élégance, Il ne faut jurer de rien demeure un exemple de maîtrise peu commun.


Le cadre historique du film, situé juste avant la Révolution, permet immédiatement de désamorcer le danger incarné par la présence de Jugnot, figure depuis un bon bout de temps d'une certaine médiocrité nationale et d'une fierté poujadiste on ne peut plus nauséeuses. Son rôle est toujours le même, ici commerçant mesquin d'une bourgeoisie rêvant de prestige aristocratique, mais il prend pied dans un univers ne cherchant à aucun instant à tirer un quelconque positivisme de cette caricature. Même procédé dans l'utilisation de Dujardin : comme en une suite à Brice de Nice, autre modèle d'équilibre, le film tente moins d'en faire un nouveau Belmondo à la De Broca que de mettre constamment en crise son potentiel d'agilité et de fantaisie. Rien d'échevelé chez Dujardin, mais au contraire une forme de flamboyance viandarde et une vulgarité bien réelles qui deviennent ici principes mêmes de son programme comique.


Il faut alors se rendre à l'évidence d'une certaine tristesse, le film évoluant à des années lumières de la finesse de certaine comédie d'aventure à la Française, jouant avec son intrigue tirée de Musset comme un chien galeux triturerait un doudou élimé. Mais cette manière de s'inscrire de facto dans des limites triviales, avec notamment le machisme du traitement du personnage incarné par Mélanie Doutey, permet au moins de faire constamment tourner le film à plein régime : mise en scène simple et efficace, assurance des enchaînement, plaisir de l'effet sommaire et de l'absence de tout filtre entre le projet et sa réalisation. Accepter cette absence d'élégance, ce qu'on trouve aussi par exemple chez Chatillez, est bien sûr un pis-aller : mais ce pis-aller là vaut sans aucun doute bien mieux que tous les détours et tentatives hypocrites de renouvellement récemment vues d'un genre qui demeure, bonne ou mauvaise nouvelle, le seul point d'ancrage de notre cinématographie populaire.



Vincent Malausa - www.chronicart.com




Adapté de l'œuvre d'Alfred de Musset, "Il ne faut jurer de rien !" s'apparente à ses productions françaises au casting relevé, costumes pompeux, musique entraînante, mélangeant allègrement film de cape et d'épée et comédie enjouée. Malheureusement, là où Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau tient en haleine du début à la fin, là où FanFan la Tulipe de Christian-Jacque divertit malgré ses carences, Eric Civanyan nous livre un long-métrage dont les mécanismes ne fonctionnent que de manière trop sporadique.



www.excessif.com




Plus qu'une adaptation ou une réécriture de la pièce éponyme de Musset, "Il ne faut jurer de rien !" est l'incarnation actuelle, et donc actualisée, de l'esprit du théâtre romantique du XIXe siècle. Sous des airs de film léger, le réalisateur Eric Civanyan réussit le pari de perpétuer une vision à la fois désillusionnée et utopique de l'amour.


Pour se faire, il intègre une histoire d'amour somme toute contemporaine dans un contexte historique. Son paradoxe temporel tient en grande partie à son couple d'acteurs : Mélanie Doutey et Jean Dujardin. La première campe avec charme Cécile, une femme moderne et libérée, qui, malgré une fâcheuse tendance à contester toute autorité, croit encore en l'Amour : le vrai, l'unique, le magique. Le second, Valentin, cultive son désenchantement et son dégoût du mariage en écumant les bordels. Cœur du film, leur rencontre provoque lot de situations burlesques et quiproquos. L'héritage se cherche alors plus du côté du théâtre de boulevard pour un humour franchouillard sans être beauf. De ce point de vue, s'il ne faut jurer de rien, il ne faut surtout pas manquer le show de Marie-France Santon, qui dans le rôle de l'agaçante Baronne, se révèle parfaite en fantoche de théâtre.


Ni film d'époque, ni adaptation rigoureuse, Il ne faut jurer de rien choisit, avec modestie et sincérité, de conter la belle et touchante naissance d'une histoire d'amour. À quelques dérapages comiques, et bienvenus, près. Même les plus désabusés ne manqueront pas d'être émus par la tirade finale de l'amour, tirée d'une autre œuvre de Musset, On ne badine pas avec l'amour : " Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux ". Sur ces bonnes paroles…



Critique rédigée le 22/09/2005 par Lucile BELLAN - www.ecranlarge.com




Le jeu de l'amour et de l'argent...


On sait combien il est difficile d'adapter de grands classiques littéraires à l'écran et nombreux sont ceux qui y ont laissé des plumes. Tel n'est pas le cas d'Eric Civanyan qui signe ici une adaptation plutôt réussie de la célèbre pièce de Musset Il ne faut jurer de rien.


Si l'idée de Gérard Jugnot récitant du Musset a de quoi laisser sceptique, rassurez-vous, cette comédie burlesque s'avère très lointaine du texte original. C'est d'ailleurs une des forces du film. En effet, si l'intrigue de départ reste à peu près la même, les dialogues et caractères des personnages ont très largement été remis au goût du jour afin de permettre l'identification du spectateur. Et les protagonistes y gagnent en comique et en intensité ! Incarné avec brio par Jean Dujardin, le personnage de Valentin est une sorte de Cartouche des temps modernes. Joueur, buveur et libertin, il fait partie de cette génération de nos trentenaires contemporains qui ne croient déjà plus en l'amour. C'est du moins ce qu'il pense jusqu'à ce qu'il croise la ravissante Cécile de Mantes (Mélanie Doutey), une aristocrate indomptable et féministe avant l'heure.


Mais rassurez-vous, derrière l'intrigue sentimentale en arrière-plan, la dimension comique du film est bien présente. Gérard Jugnot y est d'ailleurs pour beaucoup. Dans la droite ligne de son personnage de Monsieur Batignolle, il incarne encore une fois ici un petit commerçant prêt à tout pour faire fructifier son argent. Cet Harpagon des temps modernes ira même jusqu'à marier son neveu avec la première venue pour acquérir une particule. Mais parfois, amour et argent peuvent faire bon ménage…



Nathalie Couturier - http://cine.ouirock.com


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