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Alfred de Musset


FACÉTIES DE POÈTE

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Réflexions, traits d'humour et d'humeur…

Musset dans tous ses états. Dans sa correspondance, souriante, railleuse

mais aussi Musset par la voix de ses personnages et créations. Extraits…

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Quand je pense qu'il y a des hommes assez hardis pour regarder une femme en face, pour l'aborder, pour lui serrer la main et pour lui dire, sans mourir de frayeur :

" Voulez-vous m'épouser ? " je ne puis m'empêcher d'admirer jusqu'où peut aller l'audace humaine.

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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Multa hospitia, paucas amicitias.

Rien n'est plus vrai que ce triste mot en voyage : Beaucoup de gîtes et peu d'amis ; - passez vous rapidement, vous n'avez rien vu ; - demeurez-vous, c'est autre chose ; c'est pis : car si vous êtes bon (quelques uns se vantent, quelques autres se cachent de souffrir, mais tous souffrent), à chacune de vos haltes, vous laissez un peu de votre pitié, et, si vous avez été bien accueilli, des regrets que vous ne consolerez point et dont vous ne serez pas consolé.

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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Bref, il n'y a rien de tel que d'aller partout pour n'arriver à rien. Celui qui a tout vu n'a rien vu ; car son cœur et sa raison se sont lassés de le suivre, et il n'y a de sage, véritablement sage, que celui qui n'est jamais sorti de son trou. Pour moi, je voudrais être colimaçon et n'avoir jamais eu à quitter ma coquille ; le seul profit qu'on tire des voyages, c'est qu'après avoir beaucoup couru, on ne demande pas mieux que de s'arrêter.

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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Connais-tu deux pestes femelles
Et jumelles
Qu'un beau jour tira de l'Enfer
Lucifer ?

L'une au teint blême, au cœur de lièvre,
C'est la Fièvre ;
L'autre est l'Insomnie aux grands yeux
Ennuyeux.

Réponse à M. Charles Nodier, Août 1843

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La politique, hélas ! Voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire.
Etre rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.

Je veux, quand on m'a lu, qu'on puisse me relire,
Si deux noms, par hasard, s'embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.

Sonnet au lecteur, Janvier 1850
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- Il arrive quelquefois, lui dis-je, qu'on soit plus vieux que son visage.
- Oui, répondit-elle en riant, et il arrive aussi qu'on soit plus jeune que ses paroles.
- Ne croyez-vous pas à l'expérience ?
- Je sais que c'est le nom que la plupart des hommes donnent à leurs folies et à leurs chagrins.

La Confession d'un Enfant du siècle, 1836
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Je m'attendais à voir en elle presque une religieuse, du moins une de ces femmes de province qui ne savent rien de ce qui se passe à deux lieues à la ronde, et qui vivent dans un certain cercle dont elles ne s'écartent jamais.
J'avoue que ces existences à part, qui sont comme enfouies ça et là dans les villes, sous des milliers de toits ignorés, m'ont toujours effrayé comme des espèces de citernes dormantes ; l'air ne m'y semble pas viable : dans tout ce qui est oubli sur la terre, il y a un peu de la mort.

La Confession d'un Enfant du siècle, 1836

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Pour ce qui est de la campagne, - nous pûmes constater que généralement les montagnes dominent la plaine, que les pierres sont dures, que l'eau mouille, et qu'on pourrait apprendre la géographie à meilleur marché qu'en voyageant.

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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Les toits sont plats, quand ils ne sont pas pointus ; quelquefois ils sont ronds.
Mais les architectes auront beau faire, un toit ne sera jamais qu'un toit, et il n'y aura jamais dessous que des hommes.

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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- De tout ce qui use les chemins, disait l'homme sans cervelle, il n'y a de sensés que les chevaux, - ceux-là seuls savent ce qu'ils font, et si on leur demandait : "Pourquoi marchez-vous ?" ils pourraient répondre avec orgueil : "Je marche parce qu'on me fouette".

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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Non, l'homme n'est pas fait pour voyager, et la preuve, c'est qu'il y a encore, et qu'il y aura toujours, Dieu merci, d'infranchissables déserts.
Le souci ou le désir, l'inquiétude ou les regrets, creusent le front de quiconque va d'un lieu à un autre. Le mouvement nous a été imposé, ainsi que le travail, comme une punition céleste.
Son premier pas, son premier voyage, l'homme le fit sous le poids de sa première faute, quand l'ange au glaive de feu le chassa du paradis terrestre, et le second, ce fut le crime qui le lui fit faire. Abel mort, Caïn chercha une terre qui n'eût pas vu son forfait.

Voyage où il vous plaira, Alfred de Musset - P.-J. Stahl, 1843
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Soyez toujours poli, mais paraissez indifférent.
Faites-vous rare, on vous aimera – c'est un proverbe des Turcs.

La Quenouille de Barberine, 1835 - Acte I
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Si je vais voir un ami, il me propose d'aller au bordel.
Si je vais dans le monde, on me présente Mme une telle qui est bien aise de compléter une petite collection - Dieu sait de quoi.

Lettre n°6 - Deuxième série, de Lui à Elle,
Classification Décori, Alfred de Musset à George Sand,
1834 - Portant le timbre de Paris du 10 mai et celui de Venise du 18

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L'autre soir, une femme que j'estime beaucoup sous le rapport de l'intelligence, dans un entretien de bonne amitié que j'avais avec elle, commençait à se livrer. Je m'approchais d'elle franchement et de bonne foi, lorsqu'elle a posé sa main sur la mienne en me disant : Soyez sûr que le jour où vous êtes né, il est né une femme pour vous. J'ai reculé malgré moi. Cela est possible, me suis-je dit, mais alors je vais chercher ailleurs, car assurément ce n'est pas vous.

Lettre n°7 - Deuxième série, de Lui à Elle,
Classification Décori, Alfred de Musset à George Sand,
1834 - Portant le timbre de Venise du 18 juin

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Et une femme du monde !
Partager avec un mari,

voir sa maîtresse une heure par jour, et pas tous les jours !
Donner le quart, la moitié, ou les deux tiers de son cœur, selon qu'elle est plus ou moins capable de vous comprendre, selon son éducation, son tempérament ou son habileté à mentir ! pouah !
Et où trouver une demoiselle qui ne soit ni dépravée ni bégueule, ni niaise et qui n'ait pas pour unique mobile de ses paroles, de ses bras et de ses jambes, le mariage, un et indivisible ?

Lettre n°6 - Deuxième série, de Lui à Elle,
Classification Décori, Alfred de Musset à George Sand,
1834 - Portant le timbre de Paris du 10 mai et celui de Venise du 18
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Pour réussir dans le monde, seigneur Rosemberg,

retenez bien ces trois maximes :
voir, c'est savoir ; vouloir, c'est pouvoir ; oser, c'est avoir.

La Quenouille de Barberine, 1835 - Acte I

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Je n'en suis pas à apprendre aujourd'hui quel hiéroglyphe terrible c'est que ce mot si souvent répété, le bonheur !
O mon Dieu, la création tout entière frémit de crainte et d'espérance en l'entendant.
Le bonheur ! est-ce l'absence du désir ? Est-ce de sentir tous les atomes de son être en contact avec d'autres ?
Est-ce dans la pensée, dans les sens, dans le cœur que se trouve le bonheur ?

Lettre n°9 - Deuxième série, de Lui à Elle,
Classification Décori, Alfred de Musset à George Sand.
1834 - 15 juin - Portant le timbre de Paris du 16 juin et celui de Venise du 24
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Ton histoire de Sansonnet me charme. C'est de lui que je suis jaloux ; il danse sur tes genoux, le coquin ! Sais-tu ce que je ferai ? J'en achèterai un aussi, et parbleu, il aura la bonté de manger de l'encre aussi, qu'il l'aime ou non, et il criera : George, George toute la journée ; mais il ne dansera point sur mes genoux, par respect pour mes pantalons.

Lettre n°5 - Deuxième série, de Lui à Elle,
Classification Décori, Alfred de Musset à George Sand.
1834 - 30 avril - Timbre de départ de Paris : 1er mai

Timbre d'arrivée à Venise : 10 mai
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Maintenant dès qu'on reçoit, on reçoit tout Paris ; et tout Paris, au temps où nous sommes, c'est bien réellement Paris tout entier, ville et faubourgs. Quand on est chez soi, on est dans la rue. Il fallait bien trouver un remède, de là vient que chacun a son jour. C'est le seul moyen de se voir le moins possible, et quand on dit « Je suis chez moi le mardi », il est clair que c'est comme si on disait « Le reste du temps, laissez-moi tranquille ».

Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, 1845
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Et la preuve que, c'est que le mari m'aime. Oui, il m'a pris en affection et il m'a arrêté sur le boulevard, moi étant très pressé, lui m'ayant parlé trois fois au plus auparavant, et le bon Dieu nous envoyant de la pluie sur la tête pendant ce temps là. Et poignées de main, et invitations tombant des nues, etc. Ne vous seriez-vous pas dit comme moi, en pareil cas : « Voilà un homme que je ne connais pas beaucoup, mais qui m'aime véritablement, et dont la femme est fort aimable ? »

Lettre à Madame Jaubert, juillet 1840, Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Si vous savez pourquoi vous répondez vite et bien, vous comprendrez aisément pourquoi je réponds tard et mal. Prenez d'abord votre bon sens, puis votre tranquillité, puis votre gaieté naturelle, votre farniente toujours occupé à propos, puis, que dirai-je ? tout ce qu'il y a en vous de bon et de toujours prêt. Retournez tout cela, comme on retourne son bas pour le mettre. Voilà ma position, comme dit un de mes amis.

Lettre à Madame Jaubert, 31 juillet 1840,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Homme plus rusé que Gribouille, est-ce que tu crois que je ne vois pas où tu veux en venir avec ton délicieux paysage que tu regardes par ta croisée ? Sous tes fleurs de rhétorique, il y a un sermon pour m'attirer à la campagne. Eh bien, je l'ai quitté, cet ennuyeux Paris que j'adore. J'ai été à Bury ; j'ai revu les bois que j'aimais tant il y a deux ans. Je me suis abreuvé de verdure. Nous avons pris le café en plein air et joué au loto.

Lettre à Paul de Musset, juin 1840,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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J'aime mieux faire une page simple, mais honnête, qu'un poème en fausse monnaie dorée.

Lettre à Madame Jaubert, lundi 17 décembre 1838,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888.
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Que dites-vous de cela ? Comme c'est hardi, calculé, affecté et parfaitement vrai ! et comme c'est féminin !

Lettre à Madame Jaubert, mois de mai 1836 probablement,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888
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Dimanche, après le dîner, je baîllais comme une huître dans la grande allée des Tuileries, quand j'ai aperçu les demoiselles *** assises au pied d'une caisse d'oranger. Je les ai abordées et je me suis assis près de la plus jeune. Elle avait un petit chapeau blanc avec des rubans verts. Tout ce qu'elle disait était charmant d'ignorance. On sent dans ses regards je ne sais quoi de frais et de tendre dont elle ne se doute pas. Elle ne connaît pas plus l'amour qui est en elle qu'une fleur ne connaît son parfum. La beauté d'une jeune fille a quelque chose d'indéfinissable. Je suis resté une heure à côté de cette enfant ; il me semblait que je m'étais glissé à l'abri sous les ailes de son ange gardien. En quittant ces dames, parce que la retraite sonnait, je suis allé au Café de Paris. J'y ai trouvé M... en train de parier qu'il fumerait deux cigares à la fois jusqu'au bout sans les ôter de sa bouche et sans cracher. Ce pari m'a paru si bête que je suis parti.

Lettre à Paul de Musset, jeudi 4 août 1831,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Chacun de nous a dans le ventre un certain son qu'il peut rendre, comme un violon ou une clarinette. Tous les raisonnements du monde ne pourraient faire sortir du gosier d'un merle la chanson du sansonnet. Ce qu'il faut à l'artiste ou au poète, c'est l'émotion. Quand j'éprouve, en faisant un vers, un certain battement de cœur que je connais, je suis sûr que mon vers est de la meilleure qualité que je puisse pondre.

Lettre à Paul de Musset, jeudi 4 août 1831,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Adieu, mon cher ami. Je sais qu'il y a beaucoup de jolies baigneuses à Aix, madame de V..., madame d'A..., etc., et que tu fais le coquet avec ces dames. Je t'autorise à les embrasser toutes pour moi.

Ton frère et ami.

Lettre à Paul de Musset, jeudi 4 août 1831,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Je remercie d'abord la plus petite de toutes de ne pas avoir oublié son ancienne coutume d'écrire à son fieux quand il pond. Rien n'est plus gentil et plus doux pour moi que ce bon petit écho. — Gardez-le moi toujours, marraine, gardez-le moi quand même. Un sentiment de ce genre-là doit être à l'abri de tout et console de bien des choses.


Musset la désigne dans Un Souper chez Mademoiselle Rachel par ces mots :

"c'est la femme de tout Paris qui a le plus grand esprit et le plus petit pied".

Femme d'esprit et de petite taille il est vrai, la marraine de Musset avait surtout la particularité d'avoir un pied minuscule.
Lettre à Madame Jaubert, 23 novembre 1842.

Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Musset, bibliothécaire...

Cependant Ledru-Rollin, en 1848, enleva brusquement à notre poète son modeste emploi de bibliothécaire. […] Or, il faut se rappeler l’intimité politique qui existait entre Ledru-Rollin et Mme Sand pour la rédaction du Bulletin officiel de la République. Elle était donc à ce moment toute puissante : ce rapprochement en dit assez. Alfred de Musset supporta sa disgrâce avec philosophie, malgré l’état précaire de ses ressources. […]
C’est ainsi qu’il écrivait à Mme de Girardin une lettre que nous tenons de l’obligeance de M. Detroyat : Il est vrai, Madame, que je ne suis pas conservé en ma qualité de conservateur.
[…] A vrai dire, le bibliothécaire du Ministère de l’intérieur avait peu d’occupation ; c‘était presque une sinécure, un moyen détourné d’offrir à un écrivain distingué un supplément de 3.000 fr. aux maigres produits de sa plume ; car, dans la carrière littéraire, les profits sont souvent en raison inverse du mérite de l’œuvre.
[…] Alfred de Musset avait été nommé en 1838 par M. de Montalivet. Il était peu assidu au Ministère, s’autorisant de ce qu’il n’avait rien à y faire. On était même obligé d’aller chaque mois lui porter le montant de son traitement. Le chef de division dont il dépendait, choqué de ses longues absences, fit un rapport concluant à sa révocation. Le comte Duchatel, alors ministre, se récria : « Révoquer M. Alfred de Musset ! mais vous n’y pensez pas ; songez, Monsieur, que nous devons nous trouver honorés de compter dans notre administration un collègue tel que lui. Arrangez-vous donc pour aplanir les petites difficultés dont vous parlez.
Le bibliothécaire fut « réhabilité » dans ses fonctions par le ministre Fortoul. Le ministère n’était plus le même ; il s'agissait cette fois de celui de l’instruction publique.
Etude et Récits sur Alfred de Musset, Alix de Janzé

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Suite à la perte de son emploi de bibliothécaire au ministère de l'Intérieur, l'Académie eut la brillante idée de décerner à Musset le prix fondé par M. de Maillé-Latour-Landry. Voici ce qu'écrit le poète à son frère, à qui il demande conseil :

En voilà une tuile désagréable ! J'étais averti que l'Académie me donnait un prix, mais je ne savais pas en quels termes. On vient de me les dire et je les trouve blessants. Il y a vingt ans que j'écris ; j'en ai tout à l'heure trente-huit, et on m'apprend que je suis un jeune homme qui mérite d'être encouragé à poursuivre sa carrière. Quand la critique me fait de ces compliments-là, je les méprise ; mais de la part de l'Académie, c'est plus grave. Il m'en coûterait de paraître orgueilleux ou susceptible, et cependant, puis-je à mon âge me laisser traiter d'écolier ? Que faire ?

[Note à l'édition des Œuvres posthumes, Charpentier, 1888 :
L'Académie française, dans sa séance du 17 août 1848, venait d'accorder à Alfred de Musset le prix fondé par M. de Maillé-Latour-Landry. D'après les intentions du fondateur, ce prix annuel doit être donné "à un jeune écrivain ou artiste, dont le talent, déjà remarquable, paraîtra mériter d'être encouragé à poursuivre sa carrière dans les lettres ou les beaux-Arts." Alfred de Musset accepta le prix ; mais il en donna le montant aux victimes des événements de juin 1848.]

Lettre à Paul de Musset, vendredi 17 août 1848,
Biographie d'Alfred de Musset, Paul de Musset

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Je suis bien sûr que vous ne voudrez pas me croire quand je vous dirai, mon cher Alfred que j'avais résolu de vous aller voir. J'en atteste cependant deux témoins purs, sinon sans tache, ma malle et mademoiselle Colin, l'une faisant l'autre. Demandez-leur s'il n'est pas vrai qu'elles sont depuis huit jours dans l'attente, et que tous les matins on déballe une à une mes chemises. Pour toute réponse à votre lettre de reproches, je voudrais me mettre moi-même à la poste; les dieux en ont ordonné autrement.

Lettre à Alfred Tattet, samedi 26 mai 1849,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Veux-tu, mon cher ami, m'envoyer la Nouvelle Héloise de J.-J. ? - J'en ai besoin pour mon présent travail.

Lettre à Paul de Musset, mois de septembre 1851,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Mon cher Alfred,
parmi les raisons qui m'ont empêché d'aller vous rejoindre se trouve celle-ci : que M. Bocage, directeur de l'Odéon, est venu me demander l'autorisation de faire siffler, à son théâtre, un petit proverbe de ma façon intitulé Un caprice, ce à quoi j'ai accédé, après avoir pris l'avis des plus grands connaisseurs en matière de fiasco. [se souvenir de l'échec cuisant de la première pièce de Musset mise au théâtre, La Nuit vénitienne...] [...]
Il faut donc que je sois à Paris, quoique je ne m'en mêle pas du tout. J'espère que vous y viendrez. C'est votre devoir d'y être ; vous aurez le droit de partager les pommes cuites jetées à votre ami. Ce sera, je crois, pour le mois de novembre. Les répétitions sont commencées, mais je n'en ai rien vu. Ma jeune première, mademoiselle Naptal, est venue me faire une visite avec son papa. Elle est jolie ; c'est toujours bon signe.

Lettre à Alfred Tattet, vendredi 17 octobre 1845,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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La comtesse Kalergis et la Carmosine de Musset...

Puisque tu vas dîner chez elle aujourd'hui, fais-moi le plaisir de lui expliquer les deux vers estropiés. Cette faute m'a donné bien du souci. Je n'aurais jamais cru qu'un point à la place d'une virgule pût empêcher un homme raisonnable de dormir pendant trois nuits. Il est bien fâcheux pour moi que nous ne demeurions plus ensemble. Cela ne serait pas arrivé au quai Voltaire, quand je t'avais sous la main. Mon oncle se moque de mon chagrin et prétend que personne ne s'apercevra de la bévue. S'il disait vrai, je conviens que je serais bien bête de me désoler ; mais je serais encore plus bête d'écrire.

Lettre à Paul de Musset, vendredi 8 novembre 1850,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Que te dirais-je encore de nouveau ? Mademoiselle H... (tu t'en souviens) se marie. Mademoiselle de B... se marie. Mademoiselle T... s'est mariée, il y a un mois, et se meurt. A..., la nouvelle marquise, est plongée dans les douceurs de la lune de miel.

Lettre à Paul de Musset, son frère (en voyage en Italie), 1843,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Au sujet d'On ne badine pas avec l'amour et de Lorenzaccio.

Un jour, son ami Alfred Tattet lui faisait remarquer que dans le premier de ces deux ouvrages certains détails semblaient appartenir au siècle dernier et d'autres au temps présent.

Il répondit en souriant :
"Pouvez-vous me dire de quel temps est l'homme et sous quel règne a vécu la femme ?"

Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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[Paris...]

Nous nous retrouverons, j'espère, sur cet ennuyeux et adoré pavé de la meilleure et de la plus exécrable des villes.

Lettre à Alfred Tattet, 10 septembre 1840,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Ma religieuse est partie, en sorte que je suis en tête-à-tête avec la vertu et le lait d'amande.

Lettre à Madame Jaubert, un samedi de mars 1840,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Ce qu'on appelle les femmes du monde, d'une part, me font l'effet de jouer une comédie dont elles ne savent pas même les rôles. D'un autre côté, mes amours perdues m'ont laissé quelques cicatrices qui ne s'effaceraient pas avec de l'onguent miton-mitaine. Ce qu'il me faudrait, c'est une femme qui fût quelque chose, n'importe quoi : ou très belle, ou très bonne, ou très méchante, à la rigueur, ou très spirituelle, ou très bête, mais quelque chose. - En connaissez-vous, madame ? tirez-moi par la manche, je vous prie, quand vous en rencontrerez une.

Lettre à la Duchesse de Castries, septembre ou octobre 1840,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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S'il y a peu d'hommes qui sachent être heureux, il y a peu de femmes qui osent être heureuses. A partie égale, entre amants, il y en a toujours un qui est le propriétaire ; l'autre n'est que l'usufruitier, et en cela, je vous reconnais la supériorité ; nous goûtons le bonheur, mais vous en avez le secret.

Lettre à la Duchesse de Castries, septembre ou octobre 1840,
Œuvres posthumes,
Editions Charpentier, 1888

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Quand on se retira de chez Mme de Girardin, Victor Hugo prit le bras d’Alfred de Musset, et, avec cette mémoire prodigieuse qu’il possédait, il récita les vers qu’il venait d’entendre ; il voulut ensuite donner des conseils au poète sur des inversions trop hardies et des rimes trop faibles. Musset écoutait ces critiques autoritaires avec une impatience mal contenue. Tout à coup il arrête Victor Hugo : Assez, lui dit-il ; vous ne pouvez comprendre et sentir ce que je sens et comprends. Sachez seulement une chose, c’est que dans cent ans on dira encore mes vers, alors que les vôtres seront peut-être oubliés.
[…] Notre poète cessa de voir Victor Hugo pendant près de dix ans. L’ayant ensuite rencontré par hasard en 1843, ils se tendirent la main, et Musset fit un sonnet sur cette rencontre :

De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. – Qu’un hasard nous
[rassemble,

On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

Etude et récits sur Alfred de Musset, Alix de Janzé.
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A M. le comte de Vigny, rue des Ecuries-d’Artois, 3 ou 7. Un mercredi, en 1831.

« Je suis comme ces femmes enceintes qui croient toujours que leur dernier enfant sera le plus beau et qui, au milieu d’une lignée de hiboux, croient avoir l’Apollon du Belveder dans le ventre ; c’est ce qui fait que je n’ai point encore usé ou abusé de votre bonne et utile amitié. Je suis, hélas ! en travail d’un dernier monstre que les naturalistes de la littérature expliqueront comme ils pourront et au lieu de le mettre dans un bocal d’esprit de vin, je le tire à grand’peine par les jambes d’une bouteille d’eau-de-vie ».

Etude et récits sur Alfred de Musset, Alix de Janzé.
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Musset à Tattet, vers septembre 1845, extraits...

« C’est cependant une chose comique que nous soyons toujours si près l’un de l’autre avec la meilleure envie de nous voir et que nos verres se cassent dès que nous voulons trinquer.
[...]
Je vais faire une nouvelle très courte pour Véron. Je comptais la faire à peu près chez vous. C’eût été facile, attendu que je travaille maintenant à la papa, comme une personne naturelle. Après avoir été une vache enragée, je suis un honnête bœuf dans son sillon. Mais foin ! comme disait Molière.
J’ai pensé que, ne pouvant partir d’ici cette semaine, je pourrais du moins partir l’autre. Encore foin ! car il est probable que je serai obligé alors d’aller aux répétitions de l’Odéon, et de veiller à mon fiasco. Tout le monde dit que ce sera charmant, délicieux, etc., etc… Seul, contre tous, fort du passé, et ne doutant pas de l’avenir, je compte héroïquement sur les pommes cuites.
[...]
Ma petite prima donna a décidément une paire d’yeux magnifiques. Elle a dix-neuf ans. La connaissez-vous ? Elle a été célèbre sous son vrai nom de Planat, devenu Naptal par manière d’anagramme, au théâtre Castellane. Que Dieu me préserve de ses yeux, car elle demeure dans ma propre maison, au-dessus de ma tête, c’est beaucoup trop près ».

La Jeunesse dorée, Léon Séché

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Petites piques entre frères...

M. Paul revint de déjeuner. M. Alfred lui demanda ce qu'il avait mangé.

– Toujours la même chose : deux œufs à la coque et une côtelette. J'ai bu de ce bon vin blanc d'Anjou que notre sœur m'envoie.
– Ah ! il me semble que j'en boirais bien ; tu aurais dû m'en apporter un peu.
– Avec ta fièvre, ce serait de l'huile sur le feu.
– La Palice n'aurait pas mieux dit, répondit Musset.

Il y eut un long silence. M. Alfred ferma les yeux et M. Paul le quitta.

~ ~ ~

M. Alfred de Musset marchait peu, ne prenait jamais d'omnibus ; quand il voyait ces sortes de véhicules, il disait :
– ce sont les voitures de mon frère.

Alfred de Musset,

Souvenirs de sa gouvernante, Adèle Martellet

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Suite à la lecture de l'une de ses pièces par Musset, aux Tuileries…

Le moment fut pénible,
la lecture interrompue entre autres par un perroquet qui s'était mis à crier et à rire…
« En sortant du château, une actrice l'arrêta au passage,
le priant de la dispenser d'accepter le rôle qu'on lui destinait
dans la pièce qu'on venait de lire. C'en était trop !…

M. de Musset lui dit :
– Madame, il ne vous sera fait aucune violence ; vous ne jouerez ni dans cette pièce, ni dans aucune de moi ».
Alfred de Musset,

Souvenirs de sa gouvernante, Adèle Martellet

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Voulez-vous me dire, […], ce que ce peut être
que d'être libertin quand on est amoureux ?
Il me semble que c'est à peu près la même chose
que d'être hypocrite en même temps que dévot.
Lettres d'Alfred de Musset à Aimée d'Alton,
10 avril 1837, Lettre V.
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Parodie des Mémoires d'Outre-Tombe

Monsieur,

Mon nom n'est pas celui d'un simple bachelier.
Je me nomme M. Pigeon ; vous n'êtes pas sans connaître ma queue et mes ailes.
En ma qualité d'ancien voltigeur, j'ai composé des mémoires poétiques
renfermant l'histoire du passé avec le compte rendu de l'avenir
et renfermés dans vingt-deux tabatières à musique de fer-blanc massif,
dont la clé est à vendre.
Personne ne m'en offre un prix convenable. Personne cependant ne les a lus.
Est-ce justice ? Je vous le demande.
[...]
J'ai fait en secret, dans un bocage désert,
lecture de quelques fragments à tous mes amis, au nombre de trois et demi,
à voix basse et sur leur parole de se taire ; rien n'a transpiré.
Il y avait un gendarme à la porte.
Oserai-je vous supplier d'intercaler quelques uns de ces fragments
dans votre gazette, comme disait le roi Louis-Philippe,
et de tirer mon incognito à cent mille exemplaires. Vous m'obligeriez.
Voyez-vous même, du reste, rien que d'après le titre (assez heureux, je pense)
que j'ai choisi : Mémoires d'Outre-Cuidance,
quel effet produirait mon livre et feuilletez mes échantillons.
Chapitre premier

Je suis le premier homme du monde ; Napoléon est un crétin.
Chapitre second

Je suis né au village d'Asnières, au premier au dessous de l'entresol ;
comprenez-vous ? Je ne dis rien que d'exact,
mais d'une façon toujours mythologique ou allégorique ou cacique.
Napoléon est un paltoquet.

Mémoires d'Outre-Cuidance, parodie des Mémoires d'Outre-Tombe, 1849

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Qu'un sot me calomnie, il ne m'importe guère.
Que sous le faux semblant d'un intérêt vulgaire,
Ceux même dont hier j'aurai serré la main,
Me proclament ce soir ivrogne et libertin,

Ils sont moins mes amis que le verre de vin
Qui pendant un quart d'heure étourdit ma misère.

A Madame Jaubert, 1844

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« Oui, j'écris rarement et je me plais de le faire
Non pas que la paresse en moi soit ordinaire ;
Mais, sitôt que je prends la plume à ce dessein,
Je crois prendre en galère une rame à la main ».

Qui croyez-vous, mon cher, qui parle de la sorte ?
C'est Alfred, direz-vous ou le diable m'emporte !
Non, ami. Plût à Dieu que j'eusse dit si bien
Et si net et si court, pourquoi je ne dis rien !

Ces "rudes vers librement cadencés" sont de Mathurin Régnier.
Sur la paresse - A M. BULOZ, Décembre 1841

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Mais quel bien fait le bruit et qu'importe la gloire ?
Est-on plus ou moins mort quand on est embaumé ?
Qu'importe un écolier, sachant trois mots d'histoire,
Qui tire son bonnet devant une écritoire
Ou salue en passant un marbre inanimé ?
Etre admiré n'est rien : l'affaire est d'être aimé.

Après une lecture, IV, Novembre 1842

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Oh ! Oh ! dira quelqu'un, la chose est un peu rude.
N'est-ce rien de rimer avec exactitude ?
Et pourquoi mettrait-on son fils en pension,
Si pour unique juge, après quinze ans d'étude,
On n'a qu'une cornette au bout d'un cotillon ?
J'en suis bien désolé, c'est mon opinion.
Après une lecture, VI, Novembre 1842

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Les femmes, j'en conviens, sont assez ignorantes.
On ne dit pas tout haut ce qui les rend contentes ;
Et comme, en général, un peu de fausseté
Est leur plus grand plaisir après la vanité,
On en peut, par hasard, trouver qui sont méchantes.
Mais qu'y voulez-vous ? Elles ont la beauté.
Après une lecture, VII, Novembre 1842

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Eh bien ! en vérité, les sots auront beau dire,
Quand on n'a pas d'argent, c'est amusant d'écrire.
Si c'est un passe-temps pour se désennuyer,
Il vaut bien la bouillotte ; et si c'est un métier,
Peut-être qu'après tout ce n'en est pas un pire
Que fille entretenue, avocat ou portier.
Namouna, Chant deuxième, I, Décembre 1832

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Aujourd'hui, par exemple, il plaît à ma cervelle
De rimer en sixains le conte que voici.
Va-t-on le maltraiter et lui chercher querelle ?
Est-ce sa faute, à lui, si je l'écris ainsi ?
Byron, me direz-vous, m'a servi de modèle.
Vous ne savez donc pas qu'il imitait Pulci ?
Namouna, Chant deuxième, VIII, Décembre 1832

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Lisez les Italiens, vous verrez s'il les vole.
Rien n'appartient à rien, tout appartient à tous.
Il faut être ignorant comme un maître d'école
Pour se flatter de dire une seule parole
Que personne ici-bas n'ait pu dire avant vous.
C'est imiter quelqu'un que de planter des choux.
Namouna, Chant deuxième, XI, Décembre 1832

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Je reconnais bien là ma technique admirable.
Dans tout ce que je fais j'ai la triple vertu
D'être à la fois trop court, trop long et décousu.
Le poème et le plan, les héros et la fable,
Tout s'en va de travers, comme sur une table
Un plat cuit d'un côté, pendant que l'autre est cru.
Namouna, Chant troisième, II, Décembre 1832

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Je ne fais pas grand cas, pour moi, de la critique.
Toute mouche qu'elle est, c'est rare qu'elle pique.
On m'a dit l'an passé que j'imitais Byron :
Vous qui me connaissez, vous savez bien que non.
Je hais comme la mort l'état de plagiaire ;
Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon [verre.]
C'est bien peu, je le sais, que d'être un homme de bien,
Mais toujours est-il vrai que je n'exhume rien.
La Coupe et les Lèvres, Dédicace à A. Tattet

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A Sainte-Beuve

Ami, tu l'as bien dit : en nous tant que nous sommes,
Il existe souvent une certaine fleur
Qui s'en va dans la vie et s'effeuille du cœur.
"Il existe, en un mot, chez les trois quarts des hommes,
Un poète mort jeune à qui l'esprit survit".
Tu l'as bien dit, ami, mais tu l'as trop bien dit.

Tu ne prenais pas garde, en traçant a pensée,
Que ta plume en faisait un vers harmonieux,
Et que tu blasphèmais dans la langue des dieux.
Relis-toi, je te rends à ta Muse offensée ;
Et souviens-toi qu'en nous il existe souvent
Un poète endormi toujours jeune et vivant !

Riposte magistrale du poète, malmené par le critique dans un article de la Revue des deux Mondes.
Nul doute que ce dernier a dû particulièrement goûter la perfide pique concernant la "langue des dieux", qu'il ne maîtrisa que rarement...

Sainte-Beuve avait, comme Musset, débuté par la Poésie.
Avec un succès si discret, qu'il fit de lui le critique souvent juste, parfois acerbe que l'on connaît !
Juin 1837

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Votre beauté nous ensorcelle,
Prenez-y garde cependant :
On apprend plus d'une nouvelle
En dix ans.
A Madame G., Rondeau, 1842

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Pour être d'un parti j'aime trop la paresse,
Et dans aucun haras je ne suis étalon.
Ma muse, vierge encor, n'a rien d'écrit au front.
Je n'ai servi que Dieu, ma mère et ma maîtresse,
Et par quelque sentier qu'ait passé ma jeunesse,
Aucun gravier fangeux ne lui traîne au talon.
La Loi sur la Presse, III, Août 1835

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Une loi sur la presse ! O peuple gobe-mouche !
La loi, pas vrai ? quel mot ! comme il emplit la bouche !
Une loi maternelle et qui vous tend les bras !
Une loi, notez bien, qui ne réprime pas,
Qui supprime ! Une loi, comme sainte nitouche,
Une petite loi qui marche à petits pas !
La Loi sur la Presse, XI, Août 1835

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Une charmante loi, pleine de convenance,
Qui couvre tous les seins que l'on ne saurait voir.
Vous pouvez tout écrire en toute confiance ;
Votre intention seule est ce qu'on veut savoir.
Rien que l'intention ! Voyez quelle indulgence !
La loi flaire un écrit ; s'il sent mauvais, bonsoir !
La Loi sur la Presse, XII, Août 1835

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Dans quel temps vivons-nous, voyons, je vous en prie ?
Vivons-nous sous Louis quatorzième du nom ?
Alors portons perruque, allons à Trianon.
Soyons des fleurs d'amour et de galanterie ;
Enfin, décidez-vous, monsieur Thiers, ou sinon
Laissez-nous être au monde et vivre notre vie.
La Loi sur la Presse, XXI, Août 1835

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Me voici donc à Bade : et vous pensez, sans doute,
Puisque j'ai commencé par vous parler du jeu,
Que j'eus pour premier soin d'y perdre quelque peu.
Vous ne vous trompez pas, je vous en fais l'aveu.
De même que, pour mettre une armée en déroute,
Il ne faut qu'un poltron qui lui montre la route.
Une bonne Fortune, XX, Décembre 1834

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De même, dans ma bourse, il ne faut qu'un écu
Qui tourne les talons, et le reste est perdu.
Tout ce que je possède a quelque ressemblance
Aux moutons de Panurge : au premier qui commence,
Voilà Panurge à sec et son troupeau tondu.
Hélas ! le premier pas se fait sans qu'on y pense.
Une bonne Fortune, XXI, Décembre 1834

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Voir aussi



www.musset-immortel.com


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