Feu Barbey d'Aurévilly, ce critique sévère, disait dans ses derniers moments à une dame de nos amies :
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Adèle Martellet, Alfred de Musset intime, Paris, Librairie Félix Juven, 1906.
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Eugène Lami (voir Belles Pages) a dit de lui :
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Adèle Martellet, Alfred de Musset intime, Paris, Librairie Félix Juven, 1906.
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Si restreint qu'en soit l'espace, il préfère sa fantaisie à tout ce qui peut brider l'indépendance d'enfant gâté qui fait le naturel et le charme de son esprit, — même la recherche trop précise de pittoresque, même les conceptions trop hautes de la philosophie. Il en fera toujours le sacrifice à ce goût léger mais sûr, conscient de sa valeur française, qui se contente de sentir harmonieusement. Oui, surtout, âme française, française, jusqu'à l'agacement, cœur loyal, esprit fin et de race toujours, élégant et hautain dans sa féminine faiblesse, ce poète qu'on a voulu nous faire prendre pour un don Juan de tavernes et de mauvais lieux.
Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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L'homme d'amour qu'il nous peindra, en ne racontant que lui-
Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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Il y a peu d’écrivains aussi injuriés qu’Alfred de Musset.
J’exagère ? J’exagère ?
« Dandinements de commis voyageur » (Baudelaire, « Les Martyrs ridicules, par Léon Cladel »). « Le coup d’œil d’un coiffeur sentimental » (Flaubert, lettre à Ernest Feydeau, 22 novembre 1858). Même Proust : « Quand Musset, année par année branche par branche, se hausse jusqu’aux Nuits, […] n’y a-
Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005.
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Cette sensibilité « féminine » explique en partie pourquoi Musset a eu tant de dénigreurs. Non seulement elle ne pouvait plaire à un misogyne comme Flaubert, mais elle créait des jaloux, car les femmes sont les lecteurs les plus nombreux. En 1836, Musset avait vingt-
Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005.
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Alfred de Musset représente un moment de la sensibilité de notre race ; mais son œuvre n'est pas morte et nous pouvons encore nous y regarder et nous y reconnaître.
Le meilleur de cette œuvre en est la partie la plus douloureuse : il ne chantait que pour endormir ou embellir sa souffrance.
Souffrance d'amour.
Ne sourions pas : toute la vie de Musset fut une divine torture, et les femmes qu'il aima ne furent pour lui que des prétextes à extérioriser sa sensibilité.
Notice à l'édition du Mercure de France, Alfred de Musset, 1907.
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Apolitique de tempérament, monarchiste de naissance, il n'en fut pas moins, toute sa vie, comme les autres Enfants du Siècle, possédé par l'amour passionné de la liberté.
Pierre Paraf, "Alfred de Musset et la politique", Europe, Revue Mensuelle, novembre-
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Tout autre fut le destin d'Alfred de Musset, homme d'hier et de tous les temps, de sa caste et de nulle part.
En lui les grâces du dernier siècle s'unissaient aux fièvres du sien.
Il était à la fois frère cadet de Byron et fils de Marivaux.
Pierre Paraf, "Alfred de Musset et la politique", Europe, Revue Mensuelle, novembre-
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On a gravé sur la stèle le sixain testamentaire de celui qui s'en est allé dépourvu de biens, riche de gloire :
"Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai".
Albert Fournier, "Musset sans fard ni subterfuge", Europe, Revue Mensuelle, novembre-
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Avec les hommes, il parlait peu et riait volontiers de l'esprit des autres.
Aux femmes, il réservait toutes les grâces, tous les charmes de la coquetterie ;
près d'elles, il était gai, amusant, éloquent, moqueur, dessinant une caricature, composant un sonnet, écoutant la musique avec délices, jouant des charades improvisées, ayant comme elles horreur de la politique et des sujets sérieux.
Edmond d'Alton-
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Musset, c'est parfois un moment primordial de « nous » qui surgit, fulgurant, des débris de nos mues successives :
l'adolescence.
Marie-
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En attendant le vert laurier et les Dalila, voici Alfred bureaucrate au Chauffage militaire.
Bureaucrate et dandy ; habillé à ravir, et ruineusement, centaure au Bois de Boulogne, pilier de bouillotte, faisant de la nuit le jour, fou de luxe et de plaisir, écrivant, au retour d'une "orgie", tout d'une traite, cinquante vers étincelants et définitifs, puis le lendemain, dans son carrick jaune à six collets, méditant, comme Descartes dans son poêle, sur "la méthode que chacun doit suivre pour conduire sa raison".
R.-
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Il n'a pas été, d'ailleurs, que le poète des amours malheureuses, il a eu, aussi, la gaieté alerte, la bonne humeur, la raison saine à la façon de nos pères.
Qu'il s'égaye, en pleine fantaisie ou qu'il conte, il a toujours la grâce et la mesure.
L'esprit , non plus, ne lui manque pas, et le meilleur de tous, celui qu'on rencontre et qu'on n'a point cherché.
F. Lefranc, Revue d'Art dramatique, 1887.
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Alfred de Musset, l'héritier de l'esprit français, l'un des derniers nés d'une race qui commence bien avant Marot et à laquelle ont appartenu Molière, La Fontaine et Voltaire.
F. Lefranc, Revue d'Art dramatique, 1887.
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Alfred de Musset a partagé la plupart des erreurs de son siècle ; il a su, du moins, ne point s'associer longtemps au carnaval littéraire des romantiques.
Tout jeune encore, mais déjà las de ce qu'il voyait, il dénonçait "nos gloires mendiées, de patois étrangers nos muses barbouillées", il renouait le fil des vieilles traditions et il montrait, par d'immortels exemples, comment on pouvait être de son temps, sans cesser d'être vraiment Français d'esprit et de langage.
F. Lefranc, Revue d'Art dramatique, 1887.
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Les souffrances du poète étaient celles de tous les hommes de son âge ; de là vient que ses ouvrages sont lus dans les mansardes comme dans les châteaux, et que ses vers charment les ennuis du bivouac jusque dans sur les frontières de la Kabylie.
Paul de Musset, Biographie d'Alfred de Musset, Paris, Editions Charpentier, 1888.
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On l'a dit bien des fois :
la poésie et la sensibilité font le malheur et la gloire de ceux qui ont reçu ces dons si enviés.
— La perte d'une maîtresse, le départ d'un ami, une espérance déçue, une illusion qui s'envole, tous ces maux grands et petits dont la vie se compose, les exaspèrent et leur feraient souhaiter la mort s'ils ne trouvaient un soulagement à leur douleur dans l'inspiration poétique.
Paul de Musset, Biographie d'Alfred de Musset, Paris, Editions Charpentier, 1888.
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Comme ses devanciers, Alfred de Musset a puisé dans l'amour et dans la douleur ses plus belles inspirations.
Un instinct secret lui faisait distinguer les êtres dangereux qui devaient soumettre son cœur aux plus dures épreuves.
Mais il n'eut pas besoin de courir au devant de la souffrance ; elle vint le chercher assez souvent pour ne point laisser à sa sensibilité le temps de s'endormir.
Paul de Musset, Biographie d'Alfred de Musset, Paris, Editions Charpentier, 1888.
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[...] ce chérubin endiablé, -
Adolphe Perreau, Alfred de Musset -
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Ne vous l'ai-
Le Chérubin de cette époque avait le diable au corps.
Adolphe Perreau, Alfred de Musset -
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Il y a [en lui] un feu sacré qui, pour s'allumer, n'a besoin d'aucun autre ;
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Adolphe Perreau, Alfred de Musset -
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Et celui-
Nous n'avons pas fait remarquer encore cette grande qualité d'Alfred de Musset ; il ne chante que lorsque vibre toute la harpe vivante qu'il a, lui aussi, attachée à son cœur.
Adolphe Perreau, Alfred de Musset -
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Il était né pour semer l'or sur sa route, comme Byron, en traversant l'Europe ; et ainsi qu'il le disait à certain Marseillais étonné que l'on pût vivre sans métier, il n'avait que ses chansons pour payer ses fantaisies d'existence.
Adolphe Perreau, Alfred de Musset -
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Petit billet de V. Hugo à Musset lorsque ce dernier posa sa candidature à l'Académie française…
« Je suis vôtre de la tête aux pieds.
Je voterai effrontément pour vous à la face des Falloux et de tous les Montalembert possibles ».
Note de l'auteur : C'est le 26 mars 1850 que Musset brigua pour la première fois les suffrages de l'Académie. Il n'obtint que cinq voix, mais la qualité remplace la quantité. Ces voix étaient celles de Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Vigny, Empis et Victor Cousin. Il fut élu au mois de février 1852.
Léon Séché, Alfred de Musset, Etudes d'Histoire romantique.
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Alfred de Musset est une figure à part de notre histoire littéraire, et tellement sympathique malgré ses erreurs que l'on aimera toujours à parler de lui.
Vicomtesse Alix de Janzé, Etude et récits sur Alfred de Musset, Paris, Plon & Nourrit, 1891.
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« Un de ces enfants privilégiés qu'il faut aimer,
juger avec indulgence,
car ils sont en ce monde moins pour s'y gouverner eux-
que pour charmer et consoler les autres ».
Extrait de l'oraison funèbre du poète par M. Vitet,
Jules Clarétie, La Vie à Paris, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle Editeurs, 1911.
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Il y a parmi nous un enfant de génie, disait Sainte-
Antoine Adam, Le Secret de l'Aventure vénitienne -
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Jeune, beau, noble, ayant, à défaut de la richesse, l'auréole de la gloire qui, en ces temps très anciens, valait mieux, Musset voulait être adoré.
Il suffit, pour s'en convaincre, de lire ce livre si curieux : La Confession d'un enfant du siècle, d'où s'exhale un si rare parfum d'orgueil masculin.
Colomba, Journal L'Echo de Paris, 1er mars 1897.
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Le résultat de ces querelles -
Ce n'était pas la peine, après un demi-
Colomba, Journal L'Echo de Paris, 1er mars 1897.
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II ne peut en être ainsi de M. de Musset ; jeune plein de vie, d'avenir, grandissant tous les jours et imposant sa renommée aux plus récalcitrants, il n'a voulu confesser que ce qu'il connaissait, divulguer que sa propre vie ; or, toute cette vie se résume en un mot : Amour.
B.Z., Revue de Paris, Bulletin Littéraire -
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Jeune, il se grisait parfois avec du champagne, ce qui le rendait gai, spirituel, un peu fou, sans qu'il abdiquât jamais la correction parfaite de ses manières.
Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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[...] et sur la foi de racontars parlés ou épistolaires échappés à George Sand et à ses amis depuis la mort du poète, une agaçante légende s'est établie qui nous représente Musset dégradé et perdu, à l'âge même où il publiait ses chefs-
Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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On a dit et répété que Musset, dès avant le voyage de Venise, était « atteint d'alcoolisme ».
L'aimable mot, et qui s'accorde bien avec l'idée que cette période d'incessant travail donne de la lucidité de son génie !
Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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Alfred de Musset a été très épris de George Sand ; il avait vingt trois ans, il était charmant, et d'un naturel passionné ; il n'a trouvé en elle qu'un cœur froid et un immense orgueil ; elle ne l'aimait point et ne s'était passé qu'une fantaisie à laquelle a succédé une autre fantaisie pour le docteur Pagello, puis une autre encore pour Liszt, qui a quitté la place en lançant ce mot terrible : « La connaissance de George Sand n'est plus à rechercher depuis que sa maison est devenue un omnibus ».
Hermine de Musset, sœur du poète, lettre au journal Le Temps, Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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Quoiqu'il ait souffert, jamais pendant sa vie il n'a prononcé un mot pour accuser George Sand ; jusqu'au moment suprême, il a su rester le gentilhomme correct envers la femme naguère aimée, il est resté tel que l'ont connu tous ses amis et tous les objets de son amour.
Hermine de Musset, sœur du Poète, lettre au journal Le Temps, Paul Mariéton, Une Histoire d'amour, Paris, Librairie Ollendorf, 1903.
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Aussi se plaisait-
Madame C. Jaubert à Berryer.
Réponse de Musset à Madame Jaubert...
Tout le monde est d'accord du désagrément de mon abord dans un salon.
Non seulement j'en suis d'accord avec tout le monde, mais ce désagrément m'est plus désagréable qu'à personne.
D'où vient-
Voilà les aimables principes sur lesquels j'ai à me promener ici-
On ne change pas sa nature, il faut donc composer avec elle.
J'y tâche depuis quelque temps, vous me rendez cette justice.
Souvenirs de Madame Caroline Jaubert, Lettres et Correspondances.
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Voir aussi
www.musset-